GÉRER MES INSÉMINATIONS EN CAS DE FORTES CHALEURS

vaches dans un pré s'abreuvant sous un ciel bleu

Le réchauffement climatique est de plus en plus marqué. Depuis plusieurs années, on observe un dérèglement des saisons. Mai et Juin 2022 ont établi de nouveaux record de chaleur en température moyenne nationale mensuelle sur la période 1946-2022. Des pics de chaleurs se font remarquer à moment anormale de l’année et les étés sont de plus en plus chauds. En France, le stress thermique joue de plus en plus un rôle dans la baisse de production mais aussi dans la fertilité des troupeaux bovins. Les conséquences sont multiples sur les troupeaux. En revanche, certains pays chauds ont déjà mis en place des systèmes ou des gestions de troupeau pour limiter l’effet du stress thermique. Comment gérer ses inséminations pendant les fortes chaleurs ? 

Comment la chaleur influe-t-elle sur la fertilité des vaches ?

Pour commencer, la vache fait partie de ces espèces qui régulent leur température corporelle. Beaucoup d’études divergent pour savoir à quelle température la vache laitière se situe en stress thermique. Dans tous les cas, le calcul reste le même, il faut mesurer l’ITH (Indice Température / Humidité). De nombreuses études se mettent quand même d’accord pour dire que  la température optimale pour une vache laitière se situe entre 5°C et 15°C. Pour ce qui est du stress thermique, le moment où la vache va avoir trop chaud et sa productivité va en être impactée négativement. Les différentes études donnent différents résultats, la fourchette basse se situerait au-dessus de 20°C, à la fourchette haute au-dessus de 25°C. 

Les effets de la chaleur vont être multiples. Car la vache produit de la chaleur en déclenchant ses métabolismes : d’ingestion, de production et de reproduction. Mais aussi lorsqu’elle se déplace et lorsqu’elle se couche. Donc pour réguler sa chaleur corporelle, la vache va ralentir ses métabolismes ce qui va amener à pertes de performances en production, en reproduction mais aussi capacité d’ingestion. Pour finir, la vache va limiter ses déplacements pour se nourrir et rester plusieurs heures debout sans se coucher ce qui va jouer sur la fatigue et sa rumination.

Baisse de production

On observe des pertes de lait (-10 à -40%), des baisses de GMQ (-250 à -400gr/jour)

Risques santé

Baisse de l'immunité à cause du stress thermique dans un environnement chaud qui favorise le développement microbien

Chûte de la fertilité

Perturbation des flux hormonaux, avortements, remontée des spermatozoïdes difficile, spermatogénèse, etc...

Si on se concentre sur la fertilité. Les fortes chaleurs pour les vaches laitières vont diminuer les expressions de chaleurs et favoriser la hausse de la mortalité embryonnaire. Chez le taureaux, il est constaté que le nombre et la motilité des spermatozoïdes diminuent fortement en présence de hautes températures. Une étude a démontré que lorsque la température dépasse les 27°C, les vaches d’origine européenne présentent dans des climats tempérés – semi tropicales recherchaient l’ombre et donc diminuent leurs apports nutritionnelles. Par conséquent, leur développement corporel se fait très lentement et la maturité sexuelle en est retardée (1).

Pour résumer, la chaleur est un facteur limitant pour la fertilité. Une étude en Espagne a montré que les résultats des constats de gestation en IAP (Insémination Artificielle Première) étaient de 43% sur la période Octobre à Avril contre seulement 22% de réussite sur la période chaude de mai à septembre (2). 

inseminateur tenant un pistolet d'ia prêt à inséminer dans une stabulation bovine

Les différentes solutions existantes pour limiter les risques de stress thermique !

Plusieurs études ont été réalisées partout dans le monde afin de trouver des solutions pour pallier les stress thermiques. Cela va de la conduite du troupeau, à l’aménagement des étables, de la génétique ou bien de la technologie.
troupeau bovin dans le pre vache et son veau
Adaptation de la conduite de troupeau pour palier aux fortes chaleurs
Dans les pays chauds dépourvus de système de ventilation. Des éleveurs laitiers font le choix de vêlage groupé au printemps. Le reproduction aura lieu seulement de septembre à décembre pour favoriser la fécondation des animaux. Des éleveurs pratiquent la synchronisation des chaleurs pour pouvoir grouper les vêlages. Ces vaches ne seront pas sujettes aux stress thermique à cette période de l’année.
Aménagement des bâtiments pour réduire l’impact des hautes températures
Il faut éviter la surpopulation des étables pour que les vaches aient de l’espace. Tout particulièrement pour les génisses qui sont généralement plus sensibles aux fortes chaleurs. L’accès à l’eau potable et fraîche est aussi très important lors de cette période de l’année. Pour finir, la ventilation du bâtiment est extrêmement importante.
batiment vache bovin prim holstein aeration
Monsieur reproduction information devant pupitre

Une étude en Israël a été réalisée dans plusieurs fermes avec différents systèmes de ventilation :

  • Sans ventilation
  • Ventilation 5 fois par jour pendant 30 minutes
  • Ventilation toute la journée

La ventilation 5 fois par jour pendant 30 minutes permet aux vaches de garder une température corporelle stable mais n’améliore pas significativement la fertilité. En revanche, pour les vaches hautes productrices avec une ventilation permanente les résultats sont plus prometteurs. Ils ont constaté une diminution de moitié de la variation de saisonnalité (4).

Donc pour les vaches hautes productrices, le système de ventilation “intensive” permet de réduire les écarts de performances entre l’hiver et l’été.

eleveur et technicien sur logiciel suivi du troupeau pour decision

Le génotypage/génétique pour lutter efficacement contre la chaleur

La sélection grâce au génotypage est aussi importante car il peut y avoir une sélection des animaux faite pour limiter le stress thermique. La sélection doit se faire sur les caractères fonctionnels, la fertilité et la santé de ma mamelle. Ensuite il est intéressant de noter que les vaches à grand gabarit vont être plus assujetties au stress thermique car cela demande plus d’énergie pour se déplacer de par leurs poids. Donc des vaches plus petites et plus en largeur seront plus adaptées à des températures en hausse. Comme évoqué précédemment, les vaches restent plus longtemps debout car elles évacuent mieux la chaleur. Il est aussi conseillé de bien vérifier les aplombs de l’animal pour éviter tout risque de blessure. Pour finir, l’état corporel de la vache est à surveiller. Les vaches avec une mauvaise note d’état corporel seront beaucoup plus impactées par les fortes chaleurs (5).
Les pays chauds ont eu beaucoup de mal à importer des races issues de climats tempérés car le stress thermique était trop marqué. En Israël et dans d’autres pays chauds, ils n’ont pas hésité à croiser des Holstein avec des races locales adaptées aux climats de ces zones. La génération suivante était plus résistante mais aussi avec une production de lait intéressante (3). Suivant la stratégie de l’élevage, le croisement entre deux ou plusieurs races est aussi une alternative pour remédier aux problèmes de fertilité et à la résistance aux fortes températures.

Les technologies au service de l’insémination pour réduire la chûte de fertilité lié à la chaleur 

echographie prim holstein inseminateur avant xtremia

L’échographie pour une action en amont !

En effet, une bonne gestion de la reproduction du troupeau est primordiale. Déjà une gestion de manière préventive avec l’échographie. Les échographies permettent de faire un constat sur la fertilité du troupeau. Il sera plus facile de détecter les vaches à problèmes pour la réforme ou de prévoir un plan pour améliorer la fertilité du troupeau.
xtremia insemination profonde sur prim holstein

l’XtremiA® pour maximiser sa fertilité !

Ensuite, il est possible d’inséminer avec l’outil d’insémination profonde XtremIA. Cela consiste à réaliser une insémination au fond de la corne utérine du côté de l’ovulation et s’abstreindre ainsi du soucis de remonté des spermatozoïdes dans la corne utérine !

Le second avantage de cette technique est de coupler le geste à la réalisation d’une échographie avant IA essentielle pour savoir de quel côté de la corne utérine déposer la semence.

Suite au dérèglement climatique, les périodes de fortes chaleurs seront de plus en plus longues et interviendront aussi à des moments inédits. Il est important d’avoir tous les outils en main pour prévoir les situations afin que la production et la fertilité soient impactées le moins possible. Le stress thermique est bien une cause de la baisse de fertilité de nos troupeaux aujourd’hui. En revanche, d’autres facteurs sont tout aussi importants à maîtriser tels que la gestion du troupeau, l’environnement, la production et l’opérateur.

Sources :

(1) La variation saisonnière de la reproduction des bovins domestiques en zones tropicales – Synthèse. Christian Meyer. 2009

(2) Factors of an infectious nature affecting fertility after artificial insemination in lactating dairy cows. A review. F. Lopez-Gatius. 2011

(3) Are adaptations present to support dairy cattle productivity in warm climates ? A. Berman. 2011

(4) Management of Heat Stress to improve Fertility in Dairy Cows in Israël. I. Flamenbaum et N. Galon. 2010

(5) Quelle génétique pour avoir une vache résistante aux fortes chaleurs ? XR repro. 2021